IsmèneCarole Fréchette • Marion Coutarel

Une pièce puissante qui nous emmène aux confins du mythe, de l’idée de justice et de l’intimité d’une relation entre deux sœurs. 

Elle est bien seule, Ismène. Condamnée depuis toujours à être la sœur de. La fille de. Sœur d’Antigone, fille d’Œdipe et de Jocaste. Ismène, c’est la sœur qui n’a pas voulu transgresser la loi. Celle qui a eu peur. La sœur restée dans l’ombre.

Carole Fréchette et Marion Coutarel lui donnent ici la parole. Survivante d’une famille et d’un monde, elle livre enfin sa version des faits. Dévoilant ses doutes, ses regrets et secrets, son insondable tristesse et sa colère. Éclatant enfin. De n’avoir pu sauver les siens. En portant Ismène à la scène, Marion Coutarel vient questionner les mythes et l’attraction qu’ils exercent sur nos racines et nos êtres.

Questionner Ismène - dans ses dimensions réelles et symboliques -, c’est questionner la manière d’exister à côté de la radicalité, face aux grands héros sacrificiels et intransigeants. Envisager une voix hésitante, sensuelle, aimante – comme autre modèle de grandeur. Et d’humanité.

Figure majeure du théâtre contemporain québécois et international, Carole Fréchette livre ici un texte beau et profond, mais aussi drôle et décalé en convoquant cette Ismène vivante, faillible, au désir intact – que la comédienne Mama Prassinos incarne avec un souffle organique et une frissonnante énergie.

Note d'intention

Ismène, celle qui reste

Ismène est la survivante d’une famille et d’un monde. Ismène est celle qui seule désormais a la charge de transmettre son histoire. Ismène est restée avec ses doutes et ses questions, elle est dans les limbes du théâtre. Ismène est au présent. Ismène est dite discrète, passive, faible.

Le geste et l’idée de (faire) justice

Avec Antigone naît une des figures les plus incandescentes de la rébellion : une jeune femme à peine sortie de l’adolescence, dont le crime est d’avoir jeté une poignée de terre sur la dépouille de son frère. Dans une sorte de contagion de l’héroïsme, Ismène s’accuse elle aussi, lors de la scène de confrontation avec Créon d’avoir accompli ce geste. Mais Créon ne l’entend pas et Antigone le refuse. Est-ce qu’Ismène réclame vraiment un châtiment pour un crime qu’elle n’a pas commis ? Est-ce que c’est le geste qui compte ou la quantité de terre ? Existe-t-il une autre sorte d’héroïsme en marge des honneurs et de la gloire ? Quels actes, quelles paroles et quelles attitudes face à l’injustice ? Comment dire non à l’ordre social, politique, sexuel ?

Trois Ismène en une

La femme en face de nous, sur son promontoire avec son micro, est multiple : il y a celle du mythe de Sophocle, qui existe à travers les 2 scènes dans lesquelles elle apparaît ; celle qui est là avec sa façon de parler, de nous raconter les faits et s’interroger sur la façon dont on les reçoit dans l’instant présent ; celle qui incarne la figure de fiction et toutes les Ismène qui ont été représentées, fantasmées depuis des centaines d’années.
Ismène imaginaire, réelle et symbolique.
Ismène passée (action), présente (auto-récit), future (monde mental mêlant mémoire et projections).

Le monologue de Carole Fréchette est beau, accessible et profond, parfois drôle et décalé. Le spectacle est tissé de l’entremêlement de ces « Ismène » et du glissement continuel du récit au dialogue, du soliloque à l’adresse publique.

Carole Fréchette est une figure majeure du théâtre contemporain québécois et international. Ses pièces m’ont toujours touchée par l’observation tendre et lucide des humains, la plasticité d’une écriture dans laquelle le désarroi s’exprime de manière ludique, par la puissance de leur réception émotive. C’est cette puissance que nous ne voulons jamais lâcher dans le passage au plateau. La force aussi d’une Ismène vivante, faillible, portée par ses souvenirs anciens et son désir intact.

Marion Coutarel

Distribution
  • Texte : Carole Fréchette
  • Mise en scène : Marion Coutarel
  • Avec : Mama Prassinos
  • Scénographie : Aneymone Wilhelm
  • Allié.e.s artistiques : Julie Benegmos, Nicolas Heredia et Marie Clauzade
  • Soprane : Mia Mandineau
  • Régie générale : Lionel Pinchard
  • Production-diffusion : Clémence Brunet - Scopie
  • Administration : Marion Gianesini - Scopie
  • Développement : Sophie Laurent - Scopie
  • Création lumière : Marie Robert

Presse

Au printemps des Comédiens, Marion Coutarel s'empare des mots de Carole Fréchette et offre à Mama Prassinos une "Ismène" en or.

L'œil d'Olivier - Chroniques culturelles et rencontres artistiques

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Production Théâtre de la Remise

Coproduction Ce spectacle est coproduit dans le cadre de la résidence association par La Cigalière, Sérignan • La Communauté de communes de Lodève • Le Festival Résurgence, Lodève La Maison de l’eau, Allègre-les-Fumades • Les Scènes croisées de Lozère • Le Théâtre d’O, Montpellier • WarmUp – Printemps des comédiens, Montpellier • Le Parvis, SN Tarbes

© Marie Clauzade

Représentations

Théâtre de l'Usine, Saint-Céré
  • vendredi 17 janvier 2025 20h30
Informations

Durée : 1h | À partir de 12 ans

Rendez-vous Curieux

Exposition "Sous un jour nouveau"


Visite commentée le 17 janvier à 19h au Bistrot de l'Usine.


En partenariat avec l'Artothèque du Lot.

Tarifs

Tarif C Placement libre
Plein 16 €
Découverte / Réduit 14 €
Passion / Réduit + 12 €
Jeune 8 €

Tarif découverte / réduit : abonnés découverte, groupe à partir de 10 personnes, comités d'entreprises.
Tarif passion / réduit + : abonnés passion, demandeurs d'emploi, intermittents du spectacle, personnes en situation de handicap.
Tarif Jeunes : moins de 18 ans et étudiants de moins de 25 ans.

Abonnement Découverte : abonnement nominatif 4 spectacles minimum. Cet abonnement vous donne droit au tarif découverte.
Abonnement Passion : abonnement nominatif 8 spectacles minimum. Cet abonnement vous donne droit au tarif passion.
Le + de l’abonnement Passion : faites découvrir le Théâtre de l’Usine à un de vos ami, il profite du tarif réduit sur un des spectacles de votre abonnement !

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