La formidable danseuse Samantha van Wissen, prétextant nous raconter le chef d’œuvre du ballet romantique Giselle, finit, l’air de rien, par l’interpréter aussi, et c’est une apparition divine et joyeuse, bouleversante. Elle parcourt le texte facétieux, rejoue la pantomime, la musique et la chorégraphie de cette histoire d’amour magnifique et tragique. En direct, l’œuvre originale est ré-instrumentalisée avec flûte, harpe, violon, et l’ajout anachronique d’un saxophone joueur et malin. L’ensemble est ludique et intelligent, joue et déjoue le langage classique en un dialogue avec les musiciennes de haut vol. Il se dessine une pédagogie joueuse, dans un gant de velours, et un spectacle plein d’humour et d’admiration pour l’œuvre et l’histoire de l’œuvre citée… François Gremaud rend cet hommage délicat au ballet dans ce deuxième volet de sa trilogie des tragiques : Phèdre ! / Giselle... / Carmen.. Magique !
Samantha van Wissen, Prix de la meilleure interprète de la saison par le Syndicat Professionnel de Théâtre, de Musique et de Danse
Intentions
Giselle…
Mon intention est toute entière contenue dans ce titre. Bien sûr, on le devine, il sera question de Giselle, le plus fameux et plus représenté des ballets classiques. Pourtant, bien que son principal sujet, il ne sera pas le véritable sujet de ce spectacle. Ce dernier se cache sous les points de suspension, ce signe de ponctuation qui, dans la littérature romantique, traduit l’inexprimable, extériorise sans les nommer les états d’âme d’un sujet sensible et exprime l’ineffable de l’émotion. C’est l’office que remplit la danse dans le ballet, mais c’est aussi – et c’est le véritable sujet de Giselle… – le prodige qu’accomplissent les interprètes.
Mon ambition est de mettre en partage avec les spectatrices et spectateurs, par le biais d’une oratrice évoquant les différentes facettes du ballet (sa propre fable autant que celle qu’il raconte, son esthétique musicale et chorégraphique, le contexte historique de sa création, etc.), cet état de suspension, proche de l’apesanteur, dans lequel peuvent me plonger les interprètes, ces passeurs d’étonnement, et l’ineffable de l’émotion qui me saisit quand je les regarde.
Théophile Gautier a écrit Giselle pour une danseuse qu’il aimait, je ne fais pas autre chose.
Samantha van Wissen est de ces interprètes qui m’ont fait – et me font encore ! – tant aimer ces arts que l’on dit vivants et qui ne cessent de célébrer la joie profonde d’être au monde. Selon Julien Rault, maître de conférences en linguistique et stylistique, le dénominateur commun lié à l’interprétation du point de suspension « se fonde sur la valeur de latence, au sens plein : le signe en trois points fait apparaître que quelque chose est susceptible d’apparaître ».
Puisse dans Giselle… apparaître – encore une fois ! – de cette ineffable joie, cette « force majeure » dont « le privilège est de savoir triompher de la pire des peines » comme le résume formidablement le philosophe Clément Rosset.
François Gremaud
Distribution
- Texte, conception et mise en scène : François Gremaud, d’après Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint- Georges
- Chorégraphie : Samantha van Wissen,
- d’après Jean Coralli et Jules Perrot
- Avec : Samantha van Wissen
- Musique : Luca Antignani, d’après Adolphe Adam
- Violon : Anastasiia Lindeberg
- Harpe : Letizia Lazzerini
- Flûte : Irene Poma
- Saxophone : Sara Zazo Romero
- Chargé de tournée : Emeric Cheseaux
- Son : Bart Aga
- Lumières : Stéphane Gattoni - Zinzoline
Presse
La danseuse Samantha van Wissen se fait (formidable) comédienne pour revisiter le mythe de Giselle.
Fabienne Darge, Le Monde
Une façon d’ériger la pédagogie en art, de magnifier la transmission du savoir, et le talent d’empaqueter le tout dans une forme comique jolie comme un cœur.
Eve Beauvallet, Libération
Production 2b company
Coproductions Théâtre Vidy-Lausanne • Théâtre Saint-Gervais, Genève • Bonlieu, SN Annecy • Malraux, SN Chambéry Savoie • Théâtre de la Ville, Paris / Festival d’Automne, Paris
© Übert Filliger