Des Deschiens en spectacles divers, seul ou en troupe, films et chroniques matinales, on ne présente plus François Morel, et on se réjouit de le recevoir, avec : son immense talent, son ironie douce/amère, ses fulgurances et ses engagements. Il nous convie cette fois, en musiques, en images et en mots, avec ses acolytes espiègles, à une conférence autour de l’œuvre et de la vie d’un poète/marin, à la fois inoubliable et inconnu. Ici, la scène est un chalutier…. celui de Yves-Marie le Ghilvinec, mort en mer en 1900. A-t-il existé ? Pour certains oui, pour certains non... Il s’agit de réhabiliter son œuvre. La conférence se transforme vite en un cabaret maritime où François Morel, alias Yves-Marie, et ses acolytes musiciens et acteurs font revivre son histoire, ses poèmes et ses chants... Autant de prétextes pour partager des émotions, des moments joyeux, mélancoliques ou tendres, à se consoler aussi, se sentir vivant, être ensemble en bonne compagnie.
[Extrait] Entretien avec François Morel
Y a-t-il beaucoup de mensonges ou d’ajouts dans Tous les marins sont des chanteurs… Le Guilvinec a-t-il seulement existé ?
François Morel : Nous vous mènerions en bateau ??? Vous pensez qu’on irait inventer un personnage de toutes pièces pour le seul plaisir de raconter des histoires ? On ne serait pas les premiers, vous me direz. Vous connaissez la phrase de Boris Vian : « Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée ».
Il vous complète comment et en quoi, ce Guilvinec ?
François Morel : Le Guilvinec ose aborder les sujets frontalement, ce que je ne sais pas toujours faire. Je prends souvent les choses en biais, j’emprunte des raccourcis qui rallongent, je fais des pas de côté… Généralement, Yves-Marie ne s’embarrasse pas de détours. Il prend les sujets à bras le corps : la pêche industrielle, le rapport aux naufragés. Il n’hésite pas d’une certaine manière à se faire chanteur engagé ! Je suis plus un chanteur dégagé.
Qu’avez-vous appris du monde d’aujourd’hui, de ces temps particuliers, au contact de la poésie de Le Guilvinec ?
François Morel : Comme vous l'apprendrez à votre tour de la bouche de Gérard Mordillat ou de Romain Lemire, Yves-Marie, mort en mer à l’âge de 30 ans en 1900, parle du monde d’aujourd’hui. Il est volontiers visionnaire, il souligne les ravages de l’industrialisation qui ne sont pas nés de la dernière pluie, la dernière pluie qui n’est pas spécifiquement bretonne puisque Thucydide en fait mention dans son fameux ouvrage La Guerre du Péloponnèse.
C’est encore la poésie populaire que vous défendez ici… Vous pensez qu’elle est en voie d’extinction ?
François Morel : La poésie sera d’autant plus populaire qu’elle sera mise en musique par Antoine Sahler, Amos Mah et Muriel Gastebois, l’un au piano, à la trompette et à l’accordéon, l’autre à la guitare et au violoncelle et la dernière aux percussions. Mais dans le fond, je ne fais pas tellement des spectacles pour défendre quoi que ce soit… Plutôt pour partager. Partager des émotions, des moments joyeux, mélancoliques ou tendres, selon ce qui vient… Pour se consoler aussi, se sentir vivant, être ensemble. Dans l’ambiance générale, je crois qu’il est bon de rester groupés. On est tous sur le même bateau.
Propos recueillis par Pierre Notte
Distribution
- De : François Morel, Gérard Mordillat et Antoine Salher
- Clavier, accordéon, guitare, percussions, trompette, chœur : François Morel, Romain Lemire et Antoine Sahler
- Guitare, violoncelle, chœur : Amos Mah
- Percussions, chœur : Muriel Gastebois
- Chansons : Yves-Marie Le Guilvinec
- Musique : Antoine Salher
- Décor : Edouard Laug
- Lumières : Alain Paradis
- Son : Yannick Cayuela
- Vidéo : Camille Urvoy
- Costumes : Elisa Ingrassia
Avec la participation de la chorale Accroche - chœur (Dir. Lola Calvet)
Presse
Le résultat est formidable. Outre la poésie des mots, parfois crus, il y a la qualité musicale de ce florilège d’airs entraînants et vivifiants.
Le Figaro Magazine
Morel n’est pas breton, il est normand, mais connaissant son talent de chanteur et de comédien, la drôlerie et la finesse de ses billets pour France Inter, on se doute que, malgré la mélancolie des chansons de marin, le spectacle n’est pas triste.
Jacques Nerson, L'Obs
Production Les Productions de l’Explorateur
Soutiens Centre National de la Musique • Théâtre du Vésinet • Théâtre de l’Olivier, Scènes et Cinés SCIN Istres
© M. Toussaint