"C'est quelque chose, le rire : c'est le dédain et la compréhension mêlés, et en somme la plus haute manière de voir la vie."
Gustave Flaubert
Le spectacle
Par une chaude journée d'été, à Paris, deux hommes, Bouvard et Pécuchet, se rencontrent, discutent et se lient rapidement d’amitié. Coïncidence étrange et formidable, ils découvrent que, non seulement ils exercent le même métier de copiste, mais qu'en plus ils ont le même âge et les mêmes centres d'intérêts ! Un héritage fort opportun va leur permettre de changer de vie et de réaliser ensemble leur rêve commun : vivre à la campagne. Dans ce XIXe siècle où science et idées positivistes gagnent du terrain jusqu’à imposer leur tyrannie, nos deux larrons vont tenter de comprendre le monde de toutes les manières possibles. Le jardinage, l’astrologie, la médecine, les lettres, l’éducation : tous les savoirs sont passés à la loupe engendrant bien des catastrophes dues à leurs innombrables maladresses…
Note d'intention
Si adapter n’importe quel objet littéraire qui n’est pas à l’origine écrit pour le théâtre est une gageure, avec le roman de Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, les difficultés sont accrues. Nous avons affaire ici au dernier roman d’un des plus grands écrivains de la littérature mondiale et il s’agit de plus d’un roman inachevé. Les plus grands spécialistes de son œuvre estiment que Flaubert avait encore devant lui plusieurs mois de travail acharné pour terminer son roman. Quand on pense qu’il avait l’intention d’écrire un deuxième tome (une sorte d’encyclopédie de la bêtise incluant Le Dictionnaire des idées reçues), quand on jette un œil sur le nombre de pages des manuscrits de Madame Bovary et le roman qu’il en a tiré, et si l’on prend en considération le caractère du bonhomme, sa méticulosité, son acharnement, ses ambitions, on peut raisonnablement conclure qu’il ne lui restait non pas quelques mois de travail mais bien deux voire trois ans avant de rendre à son éditeur les deux tomes projetés. Nous avons donc à faire vivre sur une scène deux personnages célèbres, Bouvard et Pécuchet, aussi mythiques que Don Quichotte et Sancho Pança, Othello et Iago. Extraire du texte les dialogues d’un roman et les reporter tels quels ou plus ou moins arrangés pour la scène ne fonctionne jamais. C’est leur en demander trop, ils sortent de leur fonction. Ils perdent de leur force. Il y a un troisième personnage qu’il ne faut donc pas oublier ici, c’est le narrateur, Flaubert lui-même, qui nous guide à travers son roman. Alors les choses deviennent plus faciles, plus claires. Et les dialogues retrouvent leur efficacité. Ceci étant posé, il ne s’agit pas de choisir les meilleurs morceaux de l’œuvre ou les plus connus et de les coller les uns après les autres dans une suite discontinue. Non. Il faut suivre le roman ligne à ligne et choisir avec le seul souci de respecter ce que l’on peut appeler le discours central de l’auteur. Tout est une question d’équilibre et de patience. Un jeu à plusieurs personnages et paramètres, vous, l’auteur, la scène, les personnages, le temps. Le résultat s’apparente un peu à ce qu’on nommait au XVIIIe siècle « les belles infidèles », ces traductions des textes classiques grecs ou latins en langue française qui ressemblaient à leurs originaux sans en être la traduction littérale.
Hervé Briaux
Production Compagnie Pipo.
Distribution
- D'après : Gustave Flaubert
- Adaptation : Hervé Briaux
- Avec : Hervé Briaux et Patrick Pineau
Presse
" Ça picole, ça pétarade et ça explose, dans une cascade de gags. Deschamps et Flaubert dessinent à gros traits, mais non sans finesse, ce qui se fait de mieux en termes de bêtise humaine. Un délire burlesque et tendre que ce « Bouvard et Pécuchet », duo innocent d'affreux, sales et méchamment drôles." Le Parisien