Peut-on représenter François d’Assise dans un théâtre fermé ? François a besoin de la nature, des arbres, des sensations de l’air, du fumier, des fleurs, de l’herbe, de la rondeur des filles, du grondement du tonnerre et de la caresse de la pluie pour exister.
Alors dans un théâtre fermé, comment reproduire cela?
Le pari est risqué.
Bien sûr, il y a les mots de Joseph Delteil. Foisonnants, jaculatoires, ils éveillent les sensations.
Et puis, il y a le théâtre lui-même. Avec ses effets. Tout simples. Si pauvres comparés à la Nature. «Pauvreté», «simplicité», voilà des mots à la Saint-François. Le théâtre est le lieu où une ampoule colorée évoquera la fête ; où la même ampoule, cassée, évoquera la tragédie ou la mort; où une musique racontera un pays, un bout de tissu, le ciel, un projecteur de 500 watts, la lune, quelques poignées de sable, la plage.
Le théâtre est un lieu où l’émerveillement est possible. Comparable à l’émerveillement de François devant la nature. Enfance, croyance, voyance. Pas étonnant alors qu’un acteur puisse parler aux oiseaux. Et que ces oiseaux soient les spectateurs. Question de foi, de conviction.
Un jeune homme est là – saint ou acteur, peu importe – et il a quelque chose à dire. Des gens viennent, écoutent. Ils peuvent rester ou partir, adhérer ou s’irriter, applaudir ou huer.
Ici, pas de message, pas de prêche, pas de provocation. Juste un moment de vie, fou et joyeux, une vision sur les choses, un rire ensemble, une larme versée, une question posée à propos de la mort, un plaisir partagé quant à l’existence physique des corps, de l’amour, de la sensualité.
L’expérience mystique, c’est quoi?
Un développement suraigu de l’imaginaire, développement si puissant que les visions deviennent réalité, que la parole devient chair.
La vision mentale – mais précise – des plaies du Christ sur sa croix produit les stigmates. Imaginaire et physique. Comme l’acteur.
Tout cela dans le but de glorifier la mort tout en l’exorcisant. La faire cohabiter avec la vie. Il y a décidément du modèle pour les gens de théâtre dans François d’Assise.
Adel Hakim
Distribution
- Mise en scène : Adel Hakim
- Jeu : Robert Bouvier
- Adaptation : Adel Hakim et Robert Bouvier
- Scénographie : Yvet Collet en collaboration avec Michel Bruguière
- Création lumières : Ludovic Buter
- Création son : Christophe Bollmann
- Assistanat mise en scène : Nathalie Jeannet
- Direction technique : Bernard Colomb
Coproductions
Théâtre Vidy-Lausanne (CH), Théâtre des Quartiers d’Ivry (F), Centre culturel suisse – Paris (F), Théâtre Saint- Gervais – Genève (CH), Compagnie du Passage – Neuchâtel (CH)
La Compagnie du Passage bénéficie du soutien du Service de la culture du Canton et de la Direction de la culture de la Ville de Neuchâtel, ainsi que du Syndicat intercommunal du Théâtre régional de Neuchâtel.
Presse
Une heure trente de haute voltige pour un acteur au sommet de son art. Un bonheur sans égal. Un tourbillon théâtral toujours renouvelé. Un avant-goût de paradis ! - L’Alsace, 08.01.2017
Une adaptation à la fois troublante et fascinante. D’une beauté évocatrice stupéfiante. Puissant et évanescent à la fois, le corps de Robert Bouvier va se mettre en résonance avec chaque mot prononcé. Il est l’organique dans un décor minéral qu’une mise en scène intelligente transforme presque comme par magie, de palais en église, en geôle. D’une force redoutable ! - Dernières Nouvelles d’Alsace, 07.01.2017
Robert Bouvier dégage une intensité physique exceptionnelle (...) Jusqu'à la dernière note de musique, on se retient d’applaudir pour prolonger cet instant de grâce. - Le Journal du Dimanche, 19.07.2016