
Qu’en est-il de l’avarice, en 2025 ? C’est la question que pose, avec malice, cet Avare revu au goût du jour, ou plutôt, aux préoccupations du jour. Face à cet « Avare globe-monde » qui veut tout posséder, tout amasser, et qui impose au reste du monde dénuement et pauvreté, voilà que l’on s’interroge... Et si le grotesque Harpagon nous permettait aujourd’hui de repenser les valeurs de sobriété, dans l’impasse de notre société de consommation ? Sur un plateau nu, une troupe d’acteur·ices en slip se saisissent avec frénésie des dons des spectateur·ices, tandis que régisseurs, maquilleur et costumières s’activent, trient et créent en live les costumes, décors, musique de scène, lumières... de cette pièce unique, qui s’invente sous nos yeux chaque soir.
Clément Poirée, directeur du théâtre La Tempête, crée un spectacle circulaire, qui joue avec ce que le public donne, objets en tout genre, vêtements, légumes, instruments, casseroles, lampes, journaux... tout est bon ! Un Avare à l’épreuve de ce qui fonde l’art du spectacle : le partage. Et un Avare brigand qui fait sauter joyeusement le verrou de nos cassettes !
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Pour le spectacle, ce sont VOS AFFAIRES que les membres de l'équipe artistique coudront et utiliseront sur le plateau ! Apportez vos bibelots, manteaux, chapeaux, lampadaires, écharpes, jeans troués... le soir du spectacle. Ils seront les accessoires et costumes de cet Avare sans pareil.
Après la représentation, tout ce que vous aurez apporté sera trié et redistribué de façon solidaire.
Quelques idées, mais le surprises sont les bienvenues :
> Textiles de toutes tailles (rideaux, draps, tissus, nappes, taies, tapis, toiles cirées…)
> Vêtements (vestes, chemises, t-shirts, pantalons, jupes, pulls…)
> Papiers (journaux, papiers, livres, cartons, annuaires, affiches, rouleaux en carton…)
> Récipients de toutes sortes (casseroles, poêles, boîtes, saladiers, bassines…)
> Bibelots, breloques et babioles (pin’s, clés, porte-clés, anneaux, bijoux…)
> Musique sur tous supports (CD, K7, Vinyles…)
> Poudres de toutes sortes (argile blanche, craies, cacao, café soluble…)
* Merci de nous rapporter des objets et des vêtements propres, peu importe leur état.
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Note d'intention
Il est fort intriguant de se plonger dans la pièce de Molière et d’ausculter le caractère qu’il met en jeu ; où en sommes-nous aujourd’hui de l’avarice ? Ce qui fut un terrible défaut, une maladie de l’âme, a pris des colorations plus positives à l’ère de l’économie circulaire et de la décroissance. [...]
Et puis Harpagon est l’image même de cette génération qui ne travaille plus à l’émergence de sa jeunesse, qui veut vivre toujours, refuse la mort et ne parvient plus à passer le relai, à laisser la place. Le refus du cycle naturel de la génération est une question qui elle aussi hante notre temps. Et nous ? Sommes-nous prêts à donner ? À nous séparer ? Sommes-nous prêts à accepter notre finitude ?
Au théâtre la meilleure manière de se poser une question est de la mettre en jeu, joyeusement. Dont acte : un Avare aussi radin qu’Harpagon lui-même, ça donnerait quoi ? [...] Une troupe de cigales qui ne jouent qu’avec ce que le public veut bien leur apporter. [...] Le spectacle s’invente ensemble tous les soirs. La représentation finie, tout ce fatras d’affaires, devenu richesses le temps du spectacle par la grâce du partage, entame une troisième vie. Tout ce qui a été confié à la troupe est reconditionné et redistribué à des associations qui sauront les repartager.
Et puis, quel espace de jeu ! [...] Nous rêvons d’un spectacle qui se construit sous nos yeux [...]. De la pauvreté nous faisons une richesse. Car la vraie richesse d’un spectacle, c’est sa troupe, son savoir-faire, son œil, son art. La vraie richesse c’est le partage.
Clément Poirée
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Notice de Sylvain Dufour, maquilleur sur le spectacle L’Avare
"Basée sur de la fabrication live, la création maquillage et perruque serait proche d’une cuisine artisanale et performative. Des khôls faits d’allumettes brûlées, aux blushs de chocolat en poudre, en passant par des rouges à joue de betteraves... à la « classique » poudre de riz... Il s’agit d’inventer / de transformer ces dons pour que cette avarice prenne par magie des airs de richesse et d’artifice !
Bousculer nos imaginaires créatifs, d’un tissu découpé à la va-vite en faire une perruque, s’imiscer discrètement (ou non) dans l’action pour créer la silhouette d’un visage contouré de post-it, d’une serpillère créer un turban, de cartonnages des anglaises... Découper, scotcher, coller, réduire en poudre, peinturlurer, agrapher... En un mot (ou presque) : jouer tout en rêvant à nos « fantômes de papier » que sont ces personnages de théâtre..."
Sylvain Dufour
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Distribution
- Mise en scène : Clément Poirée
- Avec : John Arnold, Liora Jaccotte, Pascal Cesari, Virgil Leclaire, Nelson-Rafaell Madel, Marie Razafindrakoto, Anne-Élodie Sorlin
- Collaboration à la mise en scène : Pauline Labib-Lamour
- Scénographie : Erwan Creff assisté de Caroline Aouin
- Lumières : Guillaume Tesson en alternance avec Victor Veyron
- Conception costumes : Hanna Sjödin
- Réalisation cotumes : Camille Lamy et Malaury Flamand
- Son et musique : Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi
- Maquillage : Pauline Bry-Martin assistée de Sylvain Dufour
- Régie générale : Yan Dekel en alternance avec Victor Veyron
- Habillage : Émilie Lechevalier et Solène Truong,
- Presse : Pascal Zelcer
Presse
Avec John Arnold dans le rôle-titre et une troupe joliment engagée, Clément Poirée met en scène L’Avare, en collaboration avec le public. Une joyeuse célébration du théâtre comme construction artisanale et aventure collective.
La Terrasse
La pièce file, cruelle et grotesque, admirablement construite, comme on s'en rend compte mieux encore dans cette mise en scène épurée. [...] Jouée avec presque rien et des costumes en train de se fabriquer en direct, L'Avare renaît, porté par de vifs jeunes comédiens, une Anne-Élodie Sorlin endiablée (Frosine) et un John Arnold qui se confond avec Harpagon.
Télérama TTT
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Production Théâtre de la Tempête
Coproduction Théâtre de la Tempête, subventionné par le ministère de la Culture et la région Ile-de-France, soutenu par la ville de Paris ; en coproduction avec le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine, la CREA – Coopérative de Résidence pour les Écritures et les Auteurs-rices – Mont-Saint-Michel – Normandie, Les Passerelles, scène de Paris - Vallée de la Marne à Pontault-Combault, L'Azimut - Antony / Châtenay- Malabry, Pôle National Cirque en Ile-de France, Théâtre Romain Rolland - Scène Conventionnée de Villejuif et du Grand-Orly Seine Bièvre ; avec le soutien du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, de l’École de la Comédie de Saint-Étienne/DIÈSE# Auvergne Rhône-Alpes, du dispositif d’insertion de l’École du Nord et de la Région Ilede- France
© Fanchon Bibille