
Comment repenser aujourd’hui le rapport au travail ? Comment revenir à l’humain, dans une société dominée par des logiques commerciales parfois absurdes ? C’est la réflexion menée par Philippe Durand à travers le récit de cette formidable aventure sociale. Entre incarnation et distance, il donne corps aux paroles d’ouvriers dans une langue colorée et simple. Et ce sont les années de combat qui surgissent. La résistance, les occupations d’usine, les tribunaux... Attention, un souffle puissant de révolte innerve ce spectacle au succès immense !
•
Note d'intention
"Les Fralibs sont un cas parmi tant d’autres aujourd’hui de travailleurs ballotés par la volonté des actionnaires et leur soif de profits. Les logiques commerciales à l’œuvre dans notre monde moderne nous poussent parfois à faire des choix totalement absurdes. Il semble que nous y soyons peu à peu tous confrontés, dans tous les domaines. Ici, des hommes et des femmes se débattent, essaient d’exister. Leur combat est devenu emblématique, comme une alternative à ces logiques dévastatrices, un espoir au milieu du marasme.
Pour faire entendre ces paroles, j’ai choisi un dispositif des plus simple : dans un espace le plus convivial possible, je suis assis, attablé, le texte devant moi. Sur une autre petite table, sont disposées en pyramide les différentes boîtes de thés et infusions de la nouvelle marque « 1336 », éclairées comme un trésor de guerre. Idéalement les spectateurs sont disposés en hémicycle autour de moi.
Entre incarnation et distance, je raconte cette aventure sociale d’exception, je donne corps aux rencontres que j’ai faîtes. Le spectacle est bien ma rencontre avec les ouvriers. Je ne me prends pas pour eux, mais ils passent par moi. Le texte, fruit de ce travail, témoin de cette rencontre est sur la table, je prends régulièrement appui dessus. Il est le lien, sa présence crée l’espace le plus juste avec les spectateurs, qui s’étonnent de voir les ouvriers, les machines, de partager pleinement l’aventure.
Les premières représentations à Paris ont eu lieu au printemps 2016, une tournée dans le cadre de La Comédie Itinérante de La Comédie de Saint-Étienne a suivi à l’automne de cette même année. Depuis, je fais vivre ces paroles un peu partout en France, la 300ᵉ représentation a été atteinte en décembre 2019.
Parfois, les ouvriers, avec qui je suis toujours en contact, se joignent à la représentation et viennent échanger avec le public. Le pari qu’ils ont fait de reprendre cette usine n’est pas une petite affaire. Unilever n’a pas voulu leur céder la marque marseillaise Éléphant.
Ils ont donc lancé une nouvelle marque, sans budget de publicité, en s’appuyant seulement sur le réseau militant et leur exemplarité. C’est un sacré défi, un nouveau combat à venir. Mon travail participe aussi à les faire connaître. Ces représentations sont l’occasion de créer du lien entre les gens et sont toujours suivies d’échanges et de débats avec les spectateurs".
Philippe Durand
•
À la fin du spectacle, Philippe Durand proposera une vente de thé 1336.
Pour soutenir les Falibs : Association Fraliberthé (http://fraliberthe.fr • http://www.scop-ti.com • http://www.1336.fr)
Quelques repères :
-> Début du XXᵉ siècle : La marque Éléphant est créée à Marseille (marque rachetée par Unilever en 75).
-> 1977 : la marque est intégrée à Fralib (Française d’Alimentation et de Boissons). Cette filiale d’Unilever fabrique les thés Lipton et Éléphant dans deux unités de production en France : l’usine du Havre et celle de Gémenos (près d’Aubagne).
-> 1998 : Unilever ferme l’usine du Havre et regroupe sa production à Gémenos. 54 familles quittent Le Havre pour la région de Marseille et conservent leur emploi.
-> Septembre 2010 : le dernier directeur de l’usine, M. Lovera (nommé à la fin de 2007) ferme l’usine. La production est transférée en Pologne et en Belgique. Dès lors, les ouvriers de Fralib vont se battre pour conserver leurs emplois et leur outil de production.
-> 1336 jours de lutte : occupation de l’usine, lutte juridique (4 procédures de PSE, seront engagées). Diverses actions des salarié·es pour se faire entendre.
-> 26 mai 2014 : signature de l’accord de fin de conflit – les ouvriers vont pouvoir créer leur coopérative ouvrière.
Gérard et Olivier : les deux piliers de la lutte syndicale souvent cités dans le texte (désormais respectivement président et directeur délégué de la Scop).
Distribution
- De et avec : Philippe Durand
Presse
D’emblée, les témoignages dont [Philippe Durand] se fait le passeur nous saisissent. [...] Selon ses termes, c’est un « trésor populaire » qu’il nous livre.
La Terrasse
L’œil malicieux, le geste rare mais qui prend d’autant plus de force, Philippe Durand nous fait généreusement partager cette aventure. À la fin du spectacle, on se précipite pour lui acheter des boîtes de thé 1336, le voilà désolé : il a été dévalisé par les spectateurs précédents !
Le Canard enchaîné
Ce spectacle tape dans le mille sur le terrain de l’humain. On y redécouvre des valeurs que le monde moderne piétine allègrement : le collectif, la solidarité et le sens du social. Le tout raconté sereinement, ce qui rend la représentation d’autant plus saisissante.
Télérama
Une leçon de dignité.
Marianne
•
En partenariat avec le Lieu commun