OraisonCie Rasposo

Oraison est intimiste, troublant et libérateur. Un métaphorique, fantomatique et mélancolique clown blanc du chaos contemporain parcourt les déséquilibres de la piste et sent le souffle des couteaux lancés près de son visage. Orgue de barbarie sur une prière de cirque pour rallumer nos lumières intellectuelles et poétiques, spirituelles et viscérales… Des corps s’élèvent dans l'onde nerveuse du geste circassien, artistique, mystique ou surnaturel… Ce que le cirque et la mort mettent en présence ensemble. Se laisser atteindre par l’abrutissement ? Une angoissante obscurité ? Ou combattre ! Le spectateur, troublé, est happé dans un vertige brisant volontiers les statues, entre épure, virtuosité et grâce, inversant les valeurs, le récit et les corps sur le fil. Entre transfigurations, mémoires d’un autre temps, d’avant ou d’après, d’un autre monde, d’un autre cirque.

Oraison est un petit chapiteau de religiosité, de ferveur et de joie dans le vortex des disparitions, un questionnement existentiel et culturel, et un acte de sublime récréation - l’essence même du cirque… Sensuel et poétique.

Intentions

• La puissance métaphorique. Parce que nous sommes responsables d’éveiller les sens de l’humain en suscitant des électrochocs esthétiques. Plus l’acte accompli est évident, fort et indiscutable, plus la piste est chargée de cette puissance métaphorique.
• La parabole. Dévoiler des images conductrices, avec une telle force d’appel que la sensation éprouvée s’infiltre secrètement à travers le corps du spectateur. Son sens fuit en bruissant, d’une scène à l’autre, et ne parait s’immobiliser que sous forme d’énigme.
• La remise en cause des codes de la représentation, en maltraitant les certitudes du spectateur.
• L’onde nerveuse du cirque et l’importance primordiale du corps . La violence des corps exposés est le partage d’une expérience vécue à travers la mise en danger de l’artiste lui-même. Cette réalité l’emporte toujours sur l’artifice théâtral.