Avec plus de vingt ans de bandonéon dans les bras, Louise Jallu, authentique révélation du tango moderne, peut malgré son jeune âge légitimement s’estimer comme une musicienne accomplie. Durant ses années d’apprentissage au conservatoire de Gennevilliers, elle bénéficiera des leçons de grands pairs considérés parmi les meilleurs experts, qui prodiguent à la prodige les qualités fondamentales pour se faire un son dans le cénacle du tango, sans pour autant endosser la panoplie de la simple copiste.
Pas même majeure, ayant glané le deuxième Prix de la catégorie bandonéon solo du Concours International de Klingenthal (Allemagne), elle décide de fonder sa propre formation, Louise Jallu Quartet, tout en accumulant les collaborations en tout genre dont les jazzmen Claude Tchamitchian et Claude Barthélémy, sans oublier l’esthète argentin Tomás Gubitsch. Ces derniers seront conviés pour l’ambitieux projet Francesita, un double album qui la révèle au plus grand nombre (Francesita, Label Klarthe / Distribution Pias).
En 2021, alors Lauréate de la Fondation Jean-Luc Lagardère (Catégorie Jazz & Musique Classique 2019), elle rend un hommage très remarqué à Astor Piazzolla unanimement salué par la presse jusqu'en Argentine et au Japon, et sur lequel elle invite Médéric Collignon et Gustavo Beytelmann (Piazzolla 2021, Label Klarthe / Distribution Pias).
En solo comme en quartet, mais aussi en soliste avec l’Orchestre Nationale de Bretagne (Sonatine Orchestra de Bernard Cavanna), au travers de ses écrits la bandonéoniste demeure fidèle à sa ligne de conduite émancipatrice des dogmes qui fixent la pensée : réinvestir les valeurs fondatrices de cette musique du Tout-Monde, pour la réinventer de plus belle. Le tango n’a-t-il pas dans son ADN ce nécessaire penchant pour l’oblique qui invite aux plus libres transgressions ?!
Jacques Denis