Le cercle des utopistes anonymes

Trois personnages, deux hommes et une femme plus jeune, embarqués dans un drôle de voyage immobile. Entre clowns et pèlerins, ils se questionnent en paroles et en musique. En appellent à des précédents, s’interrogent, mine de rien, sur les catastrophes de l’histoire qu’ils ont pu provoquer. Se demandent si l’on peut encore rêver, si l’utopie est une exigence toujours neuve, font toutes sortes de tentatives pour se mettre en chemin, sur des chemins imprévisibles où il fait bon parfois se perdre... 

Deux acteurs, Pierre et Eugène, habitués à jouer ensemble. Ils ont des prénoms qui sont les mêmes que ceux des acteurs qui les jouent. Ce n’est pas tout à fait un hasard. Mais là, bien sûr, s’arrête la ressemblance… Ils forment un vieux couple de théâtre, un rien routinier. Arrive une jeune femme, une actrice, Stephanie, très enthousiaste. Elle voudrait, plus que tout, travailler avec eux, être leur muse, leur Passionaria. Eugène, qui se fait pour l’occasion un peu gourou pontifiant, est tout ce qu’il y a de plus partant. Pierre reste pour le moins réservé, comme il l’est en general pour tout ce qui pourrait l’obliger à remettre en cause ses certitudes. On sent qu’à une periode, il s’est laissé aller à se prendre à des illusions dont il est tout à fait revenu…Il en a conservé une grande méfiance… On ne l’y prendra plus. Eugène, lui, a décidé de rompre avec les habitudes, de partir, d’en finir avec les petitesses du quotidien,. D’y aller cette fois, pour de bon… Elle, Stéphanie, croit à ce voyage. Eugène aime avant tout ce qui dans les mots évoque l’ailleurs. Il est parfois submergé par la mélancolie, la nostalgie, mais refuse de s’y laisser engluer, emporté qu’il est par une envie irréprehensible d’y croire encore une fois, de rêver encore une fois, à un monde meilleur. Sans trop se bercer d’illusions, mais avec ce désir jamais éteint “d’inventer des roses nouvelles pour les grands enfants que nous sommes”(Maiakovski)

Un voyage immobile en musique, en chansons, pour ces déséquilibrés du verbe entre paroles lyriques, mots d’amour ou de mélancolie coincées à la gorge et envie de faire valser autrement ces lendemains dont on voudrait qu’ils puissent encore chanter…

Eugène Durif

Eugène Durif est un poète, un vrai. Il faut être fortiche pour être un poète en bord d'abîme des mots, pour leur enlever leur rouille et redonner éclat et violence à leur sens exact et en tirer les conclusions dans sa vie... Il est terrorisé de voir que nous risquons de courir à des choses pas justes, pas lumineuses et il nous voit faire des conneries.

Je connais son être, son écriture et sa pensée depuis près de trente ans. Aussi, son désir de travailler sur l’utopie n’a t-il eu que plus de sens pour moi. Nous avons eu beaucoup de discussions, de lectures, d’échanges, de questionnements communs afin d’élaborer ce spectacle qui se veut (ou peut paraître) savant mais également très populaire, dans la mesure où il s’agit de toucher le cœur et l’âme de chacun d’entre nous.

L’utopie n’est-elle pas déjà réalisée dans ce que les hommes ont inventé et n’ont pas été capables de vivre et d’appliquer ?

L’utopie ne serait-elle pas de devenir et d’être ce que nous ne sommes jamais suffisamment assez, c’est à dire des humains... ?

Je crois que chaque être humain à certains moments de sa vie entrevoit ce que pourrait être, ce que serait une utopie possible, mais ne peut aller jusqu’à sa réalisation, arrêté dans son élan par la lourdeur de ce que l’on nous a fait prendre pour des fatalités impossibles à remettre en cause ?

Il faut arriver à percer les fausses vessies, les vieilles lanternes et les évidences fatales, fatales aussi à toute pensée. Tout ce qui est tellement intégré à ce qu’il nous faut penser, à l’ordre en général et ce qui en nous s’identifie à l’ordre.

À travers ce cheminement de pensées nous avons alors imaginé des petites histoires, des petites vies, des anecdotes, des chansons pour aller vers un vertige poétique de questions. Que le poème soit là, et non pas dans des réponses qui nous seraient données...

Que serait d’ailleurs une utopie « réalisée » où il n’y aurait pas à combattre tous les jours, à tout remettre en cause ? Où ce qui est actif ne serait pas prédominant ? De quel bonheur parlons-nous quand on imagine une fin de l’histoire (ou un retour vers une origine idéale) libérée de toute contradiction ? »

Jean-Louis Hourdin Metteur en scène

Distribution

Production : Cie l’envers du décor. Coproduction : La Mégisserie – Scène conventionnée de Saint-Junien, GRAT – Cie Jean-Louis Hourdin. Avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Limousin), de la Région Limousin, de la SPEDIDAM et de l’ADAMI.

Presse

Le seul fait qu’existe Eugène Durif fout en l’air cette antienne stupide selon laquelle il n’y a pas d’auteurs, ou si peu, en France. Durif est l’un de nos plus sûrs poètes de scène et l’on voit cet homme doux, courtois, l’air un peu dans la lune, porter le fer de la pensée jusqu’à ses plus ultimes conséquences dans le ventre mou du désespoir contemporain (…) - Jean-Pierre Léonardini / L'Humanité, 13 avril 2015

Voilà deux zigues et une ziguesse tellement joueurs qu'ils se présentent sous leur vrai nom, comme s'ils ne jouaient pas. Eugène, c'est Eugène Durif, une sorte de hibou à gros binocles si généreusement pansu qu'il semble prêt à s'envoler d'un coup d'ailes; le texte, aussi brillant que drolatique, est de lui. Pierre, c'est Pierre-Jules Billon, grognon d'apparence mais qui possède plus d'un tour dans son sac à malices et à musique (piano, flûte, guitare,...). Stéphanie, c'est Stéphanie Marc, franche du collier et du sourire pailleté d'or. Mis en scène par Jean-Louis Hourdin, ces trois-là bavardent, et chantent, et devant nous se grattent la cervelle à propos de l'utopie, laquelle, comme on le sait, n'est nulle part, et la cherchent pourtant, se demandent si elle est encore de ce monde, moquent gentiment Fourrier, font un pas de côté avec Gebé de l'an 01, gambergent sur les slogans de 68. (...) C'est bien ce que donne leur spectacle primesautier, à la fois profond et léger et politique : du bonheur. J.-L.P. Le Canard Enchaîné, 22 avril 2015

Un voyage immobile au cœur du fatras théâtral (avec ses petites tentures rouges, et ses accessoires pauvres mais essentiels sur un plateau, etc.), une quête de l'impossible guidée par un autre membre éminent et indispensable du cercle des utopistes, Jean-Louis Hourdin. Eugène Durif avait bien raison : seuls les clowns, impénitents voyageurs immobiles ou non, mais la tête pleine de rêves, sont en capacité d'approcher le mystère politique.
Jean-Pierre Han, Frictions

Représentations

Théâtre de l'Usine
  • vendredi 24 mars 2017 20h30
Tarifs

Tarif C Placement libre
plein 16 €
réduit 14 €
abonnés 11 €
jeunes 5 €

Tarif réduit : détenteurs de la Carte Liberté, groupes à partir de 10 personnes, comités d’entreprises, adhérents Lieu commun.
Tarif abonné : détenteurs de la Carte Passion, demandeurs d'emploi.
Tarif jeune, 5€ sur tous les spectacles sauf ceux de catégorie A à 10€ : scolaire -18 ans, étudiant -26 ans.

Tarif découverte / réduit : abonnés découverte, groupe à partir de 10 personnes, comités d'entreprises.
Tarif passion / réduit + : abonnés passion, demandeurs d'emploi, intermittents du spectacle, personnes en situation de handicap.
Tarif Jeunes : moins de 18 ans et étudiants de moins de 25 ans.

Abonnement Découverte : abonnement nominatif 4 spectacles minimum. Cet abonnement vous donne droit au tarif découverte.
Abonnement Passion : abonnement nominatif 8 spectacles minimum. Cet abonnement vous donne droit au tarif passion.
Le + de l’abonnement Passion : faites découvrir le Théâtre de l’Usine à un de vos ami, il profite du tarif réduit sur un des spectacles de votre abonnement !

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